Présentation générale
Données géographiques et démographiques

Fig. 1.1. Carte de la commune de la Tour-sur-Tinée (élaboration R. Mercurin, fond de carte SIGNCA 2018 d’après données Lidar HD / © MNCA).
La commune de La Tour-sur-Tinée (3670 ha) est située dans la basse vallée de la Tinée, sur la rive gauche de la rivière, à l’entrée des gorges de La Mescla (fig. 1.1). Elle occupe la partie sud-ouest de l’interfluve Vésubie-Tinée, sur les contreforts sud du massif du Tournairet. Bordée à l’ouest par la rivière, elle est dominée à l’est par le Brec d’Utelle (1602 m d’alt.) et la Cime de Bellegarde (1564 m), au nord par la Tête de Cabanal, point culminant de la commune (1902 m), et au nord-ouest par le mont Mangiarde (1623 m). Trois vallons principaux, se jetant dans la Tinée, compartimentent le territoire : le vallon de Mangiarde / Ginoire à l’ouest, le vallon de Saint-Jean / Cramassouri, au centre, et celui des Carbonnières au sud-est.
Sur le plan bioclimatique, le territoire communal se situe à la transition entre le domaine méditerranéen, dont la limite correspond approximativement à celle de l’olivier, et le domaine montagnard qui règne dans toute sa partie nord. Sur le plan géologique, le territoire est constitué, au sud et à l’ouest, par des terrains calcaires du Crétacé (calcaires marneux de différents faciès). Au nord, domine la série marine nummulitique du Tertiaire (calcaires gréseux à Nummulites, marnes bleues du Priabonien, grès d’Annot), tandis qu’à l’est un faciès du Jurassique se développe autour du Brec d’Utelle.
La commune comporte aujourd’hui deux agglomérations. La Tour (fig. 1.2 et 1.3), chef-lieu de commune et centre historique, correspond à un village perché à plus de 600 m d’altitude sur un double éperon rocheux dominé par le Montjoie (alt. 921 m). Roussillon (fig. 1.4 et 1.5), dont le développement est plus récent, occupe quant à lui, en fond de vallée (alt. 334 m), un pied de versant et surplombe directement le cours de la Tinée.

Fig. 1.2. Vue aérienne du village de La Tour (élaboration R. Mercurin, fond de carte SIGNCA 2023 / © MNCA).

Fig. 1.3. Vue vers l’ouest du village de La Tour (cl. A. Dornier).

Fig. 1.4. Vue aérienne du village de Roussillon (élaboration R. Mercurin, fond de carte SIGNCA 2023 / © MNCA).

Fig. 1.5. Vue du village de Roussillon depuis le bassin du Bestagne (cl. A. Dornier).
Les données disponibles concernant l’évolution de la population de la commune (fig. 1.6) laissent apparaître un maximum démographique aux alentours du milieu du XIXe s. avec près de 1000 habitants. La Tour est alors un important nœud routier et une grosse communauté oléicole. En revanche, après cette période, elle enregistre une forte chute liée d’une part au désenclavement de la vallée avec la construction d’une nouvelle voie de communication en bordure de la Tinée, d’autre part à l’exode rural qui s’ensuit. Après avoir atteint un niveau bas inquiétant dans les années 70s, la tendance est aujourd’hui à la hausse.

Fig. 1.6. Recensement de la population de La Tour de 1750 à nos jours.
Éléments de toponymie
Le nom actuel de la commune est une traduction du toponyme italien La Torre, lui-même dérivé du latin turris et de l’ancien provençal tor ou torre, formes sous lesquelles apparait la mention de la localité dans les textes médiévaux. Cependant, le visiteur aura tôt fait de le remarquer, aucune tour ne marque actuellement le paysage du village ou de ses alentours. Si un tel édifice a existé, force est de constater qu’il a aujourd’hui disparu. Une tour se dressait-elle sur la colline dite du Château qui accueille de nos jours les deux cimetières communaux ? C’est une possibilité. L’utilisation de cette dernière comme carrière, sans doute dès la Période moderne, pourrait en effet avoir conduit à la disparition d’éventuels ouvrages fortifiés dominant le village. D’autres propositions ont toutefois été émises pour expliquer l’origine du toponyme. André Compan, dans son ouvrage sur Les noms de personne dans le Comté de Nice[1], évoque ainsi la possibilité qu’il puisse dériver de la racine préromaine TOR, qui signifie « colline allongée ». Bien qu’invérifiable, cette hypothèse a pour elle de bien correspondre à la topographie du site du village. Il faut donc s’y résoudre, l’origine du nom du village de La Tour reste encore aujourd’hui énigmatique.
Concernant Roussillon, dont le toponyme apparaît à la fin du XVe siècle sous la forme Rossilhon[2], la tradition veut que ce qui n’était encore qu’un hameau ait été fondé par la famille Rossi / Roux.
[1]Compan 2004, p. 134.
[2]Verrando 2009, p. 145.


